Idéalisation ou Amour : Quand l'Illusion Remplace la Réalité

25-09-2024
  1. Recherche de l'idéalisation plutôt que de l'amour authentique

    Certaines personnes ont une profonde envie d'être perçues comme parfaites ou idéalisées par leur partenaire, ce qui peut découler de leur propre désir de validation. Plutôt que de rechercher une relation où elles sont aimées pour leurs qualités et leurs défauts, elles peuvent vouloir être admirées de manière presque idéalisée. L'amour authentique, qui implique souvent de montrer ses vulnérabilités et ses imperfections, peut être perçu comme trop risqué ou insatisfaisant.
    Lorsqu'une personne cherche à être idéalisée, elle peut cultiver une image parfaite d'elle-même pour créer illusion de connexion avec l'autre. Cependant, cette connexion est basée sur une façade plutôt que sur une relation véritable. En se montrant sous un jour idéalisé, la personne manipule la perception de l'autre, qui peut tomber amoureux de cette version idéalisée plutôt que de la personne réelle. Cela crée un lien basé sur une illusion, et non sur une compréhension mutuelle.

  2. Peur de l’intimité réelle

    Le désir d’être idéalisé découle souvent d'une peur profonde de l’intimité véritable. L’intimité authentique implique de se montrer tel que l’on est, avec ses forces et ses faiblesses, ses défauts et ses contradictions. Pour quelqu’un qui aspire à être idéalisé, cette proximité peut être terrifiante, car elle exige de lâcher le contrôle de l’image parfaite. L’autre pourrait alors découvrir des aspects moins "glorieux" de la personne, et cela représenterait un risque de rejet ou de dévalorisation.
    Ainsi, en créant une illusion de lien par l’idéalisation, la personne évite d'affronter l’incertitude de l’intimité véritable. Cela la protège de la vulnérabilité, mais au prix d'une relation authentique.

  3. Idéalisation et désir de contrôle

    L’idéalisation est un processus par lequel l’une des personnes (ou parfois les deux) dans une relation romantique projette une image idéalisée sur l’autre, au lieu de le voir tel qu'il est. Cette idéalisation crée un décalage entre la réalité de la personne et l’image que l’on se fait d’elle. Ce phénomène peut souvent mener à un désir inconscient de contrôle, où l’une des personnes dans la relation cherche à obtenir de l’attention ou de l’admiration en jouant sur cette image idéalisée.
    Dans cette dynamique, le jeu du « fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis » devient un mécanisme pour alimenter l’illusion de lien. La personne qui fuit se rend désirable en créant une distance, attisant ainsi le désir de l’autre. Ce jeu pousse l’autre à "courir" après cette version idéalisée, à vouloir combler le manque ou la distance créée par le partenaire fuyant.

  4. L'illusion de lien

    Ce type de jeu relationnel peut créer une forte illusion de lien, car les émotions impliquées sont souvent intenses. La poursuite de l’autre, la montée du désir face à la distance, et l’espoir de voir l’autre céder à cette quête peuvent donner l’impression que le lien entre les deux personnes est passionné et significatif. Cependant, cette intensité est souvent une illusion. Elle est basée sur des dynamiques de pouvoir et de contrôle émotionnel, et non sur une véritable connexion émotionnelle ou affective.
    L'idéalisation joue un rôle clé dans cette illusion de lien, car elle permet de voir l’autre tel qu’il n’est pas réellement. On veut aimer la personne vulnérable dans toute son humanité et dans toute sa complexité, mais l’autre souhaite être à l’image de perfection ou d'inaccessibilité renforçant le désir et le fantasme. Cela peut aussi se transformer en un cercle vicieux où plus l’autre devient inaccessible ou distant, plus il est idéalisé et désiré, renforçant ainsi l’illusion du lien.

  5. L’amour n’est pas un lien mais un état d’être

    Dire que "l'amour n'est pas un lien" pourrait signifier que l'amour, dans sa forme la plus pure, n'est pas un attachement ou une relation conditionnée entre deux personnes. Au lieu de cela, l'amour pourrait être vu comme un état d'être, une qualité inhérente que l'on porte en soi et que l'on exprime indépendamment des circonstances extérieures. Dans ce cas, l'amour n'est pas quelque chose que l'on "forme" ou que l'on "possède" avec quelqu'un d'autre, mais plutôt une énergie ou une manière d'être qui existe naturellement en soi.
    Cette approche rejoint des traditions philosophiques qui voient l'amour comme une qualité universelle, présente en chaque individu, indépendamment des relations particulières. L'amour, dans ce sens, n'est pas un lien entre deux êtres, mais une force fondamentale qui anime toute la vie.

  6. L'amour et la non-possession

    Une des grandes idées derrière "l'amour n'est pas un lien" pourrait être la notion de non-possession. Lorsque nous considérons l'amour comme un lien, il peut s'ensuivre une idée de possession, d’obligation ou de contrôle, comme si aimer quelqu'un signifiait "l'avoir" ou le "retenir" dans une relation. Pourtant, l'amour véritable n'a rien à voir avec la possession. Il ne cherche pas à contrôler ou à limiter l'autre, mais au contraire à favoriser son épanouissement. Cette vision est en ligne avec des concepts philosophiques selon lesquels aimer quelqu'un signifie le laisser libre, lui permettre de vivre et de s'épanouir sans attentes rigides ou sans la peur de la perte. L'amour devient alors un acte de générosité et de don, plutôt qu'un échange contractuel ou un lien de dépendance

  7. L'amour comme espace de croissance

    Plutôt qu'un lien fixe, l'amour pourrait être vu comme un espace de croissance et de transformation. Si on le conçoit ainsi, l'amour devient un terrain où chaque personne peut évoluer, apprendre, et s'épanouir. Ce n'est pas un lien rigide qui enchaîne ou contraint, mais un environnement fluide dans lequel chacun peut se développer.
    En ce sens, l'amour n’est pas un lien qui retient, mais un espace qui libère. Il ne définit pas une relation en termes de frontières ou de contraintes, mais en termes de potentiel, de liberté, et de découverte mutuelle.

  8. Conclusion

    Le désir d’être idéalisé pour créer une illusion de lien avec l’autre et le posséder est un comportement narcissique-manipulateur et souvent inconscient, qui reflète un besoin de contrôle émotionnel et une peur de l'abandon. Cette dynamique peut découler de blessures profondes liées à l'estime de soi et à l’attachement, où la personne cherche à instaurer une relation fondée non sur l'authenticité, mais sur une illusion de perfection qui lui permet de « contrôler » la relation et de « posséder » l'autre.

    L’idéalisation dans une relation amoureuse est un processus qui sabote souvent la possibilité d’une véritable connexion. En souhaitant maintenir une image parfaite et idéalisée de soi, on s'éloigne de la réalité et on empêche l’amour authentique de se développer. Sortir de ce schéma nécessite une prise de conscience, une acceptation des imperfections et un travail sur soi pour construire des relations basées sur la réalité plutôt que sur l’illusion. En abandonnant l’idéalisation, il devient possible de créer un amour plus solide, plus authentique et plus épanouissant.

    L'amour véritable, quant à lui, reconnaît et accepte l'autre tel qu'il est, avec ses défauts et ses imperfections. C'est un amour plus solide, basé sur la compréhension, la confiance, le respect et la vulnérabilité partagée. En choisissant l'amour, on accepte de construire une relation qui prend en compte la réalité plutôt que des fantasmes. On apprend à aimer l'autre pour ses qualités et ses défauts, et à vivre des moments authentiques, même si tout n'est pas toujours parfait.

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